La confection des chars fleuris
Depuis plusieurs années, le thème de chaque édition du Carnaval est voté par les membres des Festivités Nicolaïtes, thème choisi au préalable parmi des dizaines de suggestions soumises par les bénévoles et carnavaliers.
Dès que le thème général est validé, les carnavaliers se mettent au travail. Les premiers préparatifs des chars commencent tout d'abord par le choix d'un sujet, en rapport avec le thème de l'édition. C'est ainsi que chaque char de la 75ème édition, par exemple, étaient centré sur un aspect des jeux olympiques. Autour de réunions conviviales, l'aspect du char prend forme car il faut également voter le sujet représenté sur le char ainsi que les costumes, avant que l'idée soit prise par un autre groupe. La confection peut alors commencer, selon la tradition, dans le plus grand secret.
En premier lieu, la construction de la carcasse. En soudant, les carnavaliers construisent une structure en métal de plusieurs mètres de haut, renforcée par du grillage souple. Ce grillage est ensuite recouvert par plusieurs couches de papier journal qui se collent les unes par dessus les autres jusqu'à former, après plusieurs jours de séchage, une structure rigide.
En parallèle, les carnavaliers préparent à la main et une par une des milliers de "fleurs", des petite pétale de papier crépon colorés qui, mises les unes à côté des autres, vont former les couleurs du sujet. Différents styles de fleurs existent, du cornet à la frange, plus ou moins laborieux. Les cornets, par exemple, sont des fleurs plus petites, idéales pour construire des détails et ainsi obtenir un sujet plus défini. Cependant, ils nécessitent un temps de fabrication et de collage plus conséquent. Le processus est long et s'effectue en groupe, dans les hangars, pendant toute la période hivernale. Heureusement, les carnavaliers peuvent compter sur l'entraide collective en cas de difficultés techniques lors que la date du défilé se rapproche.
Les proportions des sujets représentent un grand défi pour les carnavaliers. Afin que le résultat soit le plus fidèle possible au modèle, des mesures précises sont prises en amont de la confection de la structure en acier, comme ici avec Obélix, réalisé pour la 75ème édition du Carnaval. Certains sujets étant également motorisés, les carnavaliers doivent s'assurer que leur structure, généralement majestueuse, alliera fiabilité, robustesse tout en restant grandiose. Comme nous l'a expliqué Gérard Laborie en interview : "Les animaux, il faut essayer de les faire le maximum à l'échelle pour que cela ressemble à quelque chose. On avait un coq qui était sympathique, tous les soirs je me prenais le coq sous le bras et j'allais au char pour faire la carcasse. Je le mettais sur un tas de bois et quand on avait besoin de voir la hauteur des pattes, on mesurait les pattes du coq, et il attendait. Et tous les soirs je me le ramenais, il venait avec nous sans problème."
Les gros travaux laissent ensuite place aux finitions. Les derniers ajustements permettent aux carnavaliers de soigner les détails de leur char, comme coller quelques fleurs supplémentaires ou placer les lumières pour la cavalcade nocturne.
Lorsque l'heure du Carnaval sonne, les chars sortent de leur grange et sont enfin révélés au public ainsi qu'aux autres carnavaliers. Il ne leur reste plus qu'à déambuler dans la ville.
Le grand jour est arrivé, les chars fleuris et humoristiques se mêlent aux groupes ambulants, majorettes et bandas pour trois tours de village endiablés.
Alors que le Carnaval s'achève, la deuxième vie des chars débute. Certains sont vendus à d'autres carnavaliers et peuvent être admirés à l'occasion d'autres évènements festifs, comme ici les animaux des chars du quartier de La Gravette.