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Le jugement de Monsieur Carnaval

Le premier dimanche, coutume oblige, le maire de la ville remet la clef symbolique de la ville au Président des Festivités Nicolaïtes. Cette coutume fait écho à la légende carnavalesque dans laquelle le maire de Saint-Nicolas, s'absentant, confie les clefs du village à l'un des nobles du bourg qui a toute sa confiance. Aussitôt parti, le noble organise de grandes réjouissances masquées qui, très vite, prennent des proportions gargantuesques. À son retour, le maire découvre le village débauché et ordonnent leur retrait des masques. Pour marquer la fin de ce carnaval, il condamne le noble au bûcher. Alors que les villageois regardent les flammes s'emparer de l'homme, on raconte qu'ils entendirent comme un rire. Le rire de Monsieur Carnaval. 

Chaque année, la cérémonie d'ouverture de carnaval fait honneur à cette légende par un poème, lu par Nicolette, la mascotte de l'association. Ce poème a été écrit en 2022 par Salomé Bilheran, à l'aide de fragments de légendes recueillis par Hervé Vignolles auprès des anciens du village, et a enregistré avec la voix de Yves Combarieu.



Laissez-moi vous conter l’histoire d’un village ancien,

Les pieds dans l’eau, pris entre Tarn et Garonne.

Au confluent d’un monde où règnent vignes et moulins,

Il y avait un homme, un roi, un souverain. 

Son corps était récréation,

Sa bouche criait jubilation.

Tout son être au contact du festival,

S’illuminait en mille et un carnavals. 

Car son nom était celui,

Des ogres de la foire, démons des pays de cocagne.

Déguisé, il se cache sous des masques de champagne,

Envoûté par l’ivresse et bercé par la folie. 

Alors que le maire quitta la ville, 

Il confia les clefs de son royaume-idylle 

À ce Monsieur dont le nom résonnait de confiance

Pour garder le bourg pendant son absence. 

Mais l’appel de la fête fut vainqueur,

L’apôtre de la noce appela à la débauche.

Couverts de masques et de broches, 

Les villageois goûtèrent à une nouvelle saveur.  

Alors que Saint-Nicolas s’embrase,

Monsieur Carnaval règne en maître de l’extase.

Il se mêle aux cris de la foule bestiale,

En criant, hourra ! Vive Carnaval ! 



Lors du dernier dimanche des festivités, juste avant le jugement de Monsieur Carnaval, le Président des Festivités Nicolaïtes rend la clef de la ville au maire en le remerciant pour ces précieux jours de fête. Lors de cette cérémonie de clôture, la deuxième partie du poème est interprété par Nicolette. Puis, Monsieur Carnaval étant reconnu coupable de ses crimes, il est brûlé devant les villageois. Les carnavaliers ont pour coutumes d'effectuer une ronde autour du feu afin de marquer comme il se doit la fin de leur aventure collective. Jusqu'à la prochaine édition !

En savoir plus sur les carnavaliers



Laissez-moi vous conter l’histoire d’un village ancien, 

Déserté par le maire, laissé aux mains d’un magicien,

Un amuseur pyromane, un fou, un noble, un roi du Carnaval,

Qui a conduit des villageois dans un hystérique festival.

Mais déjà, on entend les clairons. 

Le maire revient, vite !, rangez les accordéons. 

Les villageois retournent dans leurs maisons, 

Sages et libérés de tous soupçons.

Seul reste Monsieur Carnaval. 

Au sommet de sa gloire, ivre du succès qui le rendait serein,

Il brûle ses ailes au contact du destin.

Malade et affaibli, il retombe parmi les siens,

Où son existence reprend le cours de son chemin. 

Le masque tombe et quitte ses traits affaiblis. 

D’une semaine sans sommeil et rythmée par la nuit,

Rattrapé par l’inévitable course de la vie. 

Il sombre dans le tourment de son corps vieilli.

Ainsi s’achève la vie de Monsieur Carnaval.

Il succomba d’une chute létale.

Embrasé par ses couleurs et son charme,

Hurlant, luttant contre tout ce vacarme. 

Prenez garde, vous qui riez.

Le chant des sirènes peut être trompeur, 

Et Monsieur Carnaval n’apprend pas de ses erreurs.

Il reviendra bientôt, dans son accoutrement charmeur.